Le deuxième débat de l’année 2016 a porté sur la question de l’emploi des jeunes en Afrique de l’Ouest. WATHI 5 propose cinq recommandations pour orienter l’action collective des décideurs, des citoyens afin de réduire le chômage et le sous-emploi des jeunes dans la région, aujourd’hui et demain.
Stratégie de mise en œuvre
• Clarifier la responsabilité des différents acteurs de la société dans la prise de décision sur l’emploi des jeunes. Même s’il y a maintenant un consensus ou presque pour rappeler que ce sont les entreprises du secteur privé qui créent des emplois et non pas les Etats, il ne faut pas se tromper sur la responsabilité première des gouvernements dans la création des cadres politique, institutionnel, économique, éducatif et socioculturels favorables à une croissance économique créatrice d’emplois massifs.
Qu’il s’agisse de mettre les politiques fiscales, les politiques industrielles ou les politiques d’éducation et de formation au service de l’objectif d’emploi, ce sont les gouvernements mais aussi les parlements et les autres institutions publiques qui doivent agir. C’est sur eux que doit porter le plaidoyer en faveur des réformes, et sur eux que doit se diriger la pression des opinions publiques.
• Créer au niveau de chaque pays et au niveau régional des coalitions de la société civile aussi larges que possible pour faire de la question de l’emploi des jeunes une priorité stratégique permanente. Si le problème se pose déjà aujourd’hui, il ne donnera sa pleine mesure que dans les deux à cinq décennies à venir, lorsque la population des jeunes dans la région aura explosé compte tenu de la croissance démographique et de la structure actuelle de la population.
Les bénéficiaires de meilleures politiques publiques pour l’emploi sont les millions de jeunes sans emploi ou sous-employés d’aujourd’hui, de jeunes qui sont encore dans le système éducatif de la maternelle à l’université, et les millions d’enfants à venir qu’il faudra éduquer, former et ensuite insérer dans la vie professionnelle. Ce sont précisément des bénéficiaires qui ne sont quasiment pas représentés dans les instances où se formulent les politiques publiques.
Les nouvelles coalitions de la société civile doivent intégrer toutes les catégories de bénéficiaires potentiels mobilisables de meilleures politiques de l’emploi, en particulier les millions de jeunes qui « se débrouillent » dans d’innombrables activités du secteur informel et les étudiants qui courent encore derrière des diplômes qui leur ouvrent la porte du chômage et de la dépendance. Le débat sur l’emploi des jeunes ne peut pas ne pas impliquer les principaux concernés.
• Ne pas éluder les questions les plus difficiles pour être capable de prendre des décisions et de s’y tenir dans le temps. Si tous acteurs politiques et sociaux dans les pays de la région sont d’accord pour considérer prioritaire l’action en faveur de l’emploi des jeunes, il y a peu de chances que tous s’entendent sur les moyens et les réformes à mettre en œuvre.